Le prix de l’essence augmente et les médias s’enflamment. Cette situation ne vous rappelle rien? Elle a pourtant un air de « déjà-vu » comme disent nos voisins américains. Pas plus tard qu’en 2008, le baril de pétrole approchait les 150$ et le prix du litre d’essence atteignait 1,50$ au Québec. Après une forte baisse due à la crise économique qui a ramené le cours à… 30$, le baril reprend sa course en avant et pointe aujourd’hui à plus de 100$. Et rien ne semble devoir freiner cette hausse sauf peut-être un arrêt brutal de la reprise économique.
Les médias, en ne traitant pas de sécurité énergétique, prennent une grosse part de responsabilité dans ce qui se passera très prochainement.
Et c’est bien là le drame : déjà, en 2005, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) affirmait que la production de pétrole des pays hors OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole) « décroîtra après 2010 » (Le Monde, 20 septembre 2005). Cela signifie que nous allons bientôt manquer de pétrole et que les cours vont s’envoler, comme en 2008. Bien sur, nos politiques ont divers solutions en vue, les plus simples et les plus rentables étant de développer les plus polluantes d’entre elles, c’est-à-dire les gaz de schiste et les sables bitumineux. D’après les experts, nous vivons sur un océan de gaz. Que croyez-vous qu’il arrivera lorsque le prix de l’essence, au lieu d’augmenter de 15 sous en une journée, atteindra des plafonds actuellement inimaginables? Nous pousserons nous-mêmes nos gouvernements à aller extraire ces ressources, quelqu’en soit le prix écologique. Il sera alors beaucoup trop tard pour développer les transports en commun ou les énergies alternatives.
Quand les Oscars sont plus importants que le enjeux essentiels
Les médias, en ne traitant pas de sécurité énergétique, prennent une grosse part de responsabilité dans ce qui se passera très prochainement. Les oscars c’est sympa mais il y a d’autres enjeux. Le prix de l’essence est quasiment à son plus haut historique (1,44$ mardi 28 février). Nous sommes au bord d’une nouvelle grave crise énergétique. Mais on continue comme si de rien n’était. Après que tout le monde ait juré que les « gros chars c’est fini », quelques mois plus tard ils étaient déjà de retour. L’histoire se répète après les crises de 1973, 1979 et donc 2008.
Le coupable, c’est « l’élaboration du prix de l’essence ».
Mais ce problème de sécurité énergétique n’est toujours pas abordé par une seule gazette. Pour les journalistes, le coupable c’est « l’élaboration du prix de l’essence »! A ce sujet, je n’ai encore entendu aucune compagnie de visée. Autant dire qu’elles boivent du petit lait. Elles ont réussi à nous faire croire qu’il était impossible de comprendre comment s’établissait le prix de l’essence. Et maintenant, aucun journaliste n’a l’idée saugrenue de mener sa petite enquête pour tenter d’y voir un peu plus clair.
Aucun non plus ne s’interroge sur l’utilisation de montants astronomiques pour retaper nos quelques autoroutes, ponts et échangeurs tandis que l’on investit à peine dans les transports en commun. Il n’y a toujours pas de train à grande vitesse entre Montréal et Québec, une aberration dans une province comme le Québec, auto-suffisante en électricité bon marché mais qui doit importer son pétrole au prix fort. Dans sa forme actuelle, le futur pont Champlain (le deuxième pont le plus cher de l’histoire, faut-il le rappeler?) ne comprend aucun système de transport en commun, etc.
En fait, nous vivons dans un monde que nous ne comprenons pas et finalement il est peut-être préférable de ne pas trop se poser de questions. Sauf qu’un jour, on réalise qu’on n’a plus les moyens de faire le plein ni même de subvenir à ses besoins de base (car tout est lié au prix du pétrole, notamment les aliments). Et là on se dit qu’on aurait peut-être du s’intéresser davantage à tout ça. Mais il sera alors trop tard pour pleurer.