Après avoir publié ma série d’articles sur les limites des médias sociaux, en plein contre-courant de la pensée largement admise que ceux-ci sont absolument incontournables car ils révolutionnent les communications et le marketing, voici que je découvre quelques articles qui eux aussi commencent à les remettre en question. État des lieux.
Les 7 mensonges sur les médias sociaux
J’ai tout d’abord trouvé cet article, qui comme par enchantement venait valider mon analyse. Celui-ci liste 7 mensonges véhiculés par les « experts web 2.0 », dont notamment le mythe de la gratuité. On a l’impression aujourd’hui qu’il suffit de mettre une vidéo sur Youtube pour joindre des millions de gens. Rien de plus faux, comme le montre Grégory Pouy, l’auteur de l’article.
En effet, celui-ci rappelle que derrière le lancement d’une vidéo se cachent d’énormes frais cachés : mise en place d’une équipe qui va chercher une idée, création d’un scénario, emploi de professionnels pour monter la vidéo, création d’un plan com pour assurer la fameuse « viralité » en s’appuyant sur un réseau composé de personnalités influentes (célébrités, hommes politiques, journalistes…), etc. Heureusement, la mise en ligne sur Youtube ne coute quasiment rien, ouf!
Quand Infopresse se met à douter…
J’ai proposé plusieurs de mes articles sur les médias sociaux à Infopresse. Je n’ai jamais eu de retour. Il est vrai que comme je le disais, j’allais à contre courant tandis qu’Infopresse avait totalement adhéré aux médias sociaux. Quoi de plus logique d’ailleurs puisqu’il s’agit d’un organisme au fait des dernières nouveautés en marketing et communication.
Mais voilà que madame Ducas, ancienne rédactrice en chef du magazine Infopresse et qui y tient encore une chronique, se met elle aussi à remettre en cause les idées généralement admises sur les médias sociaux. On notera toutefois qu’elle s’en prend surtout aux « experts médias sociaux » autoproclamés avant de remettre en cause la pertinence de ces nouveaux outils.
Elle se questionne cependant sur l’intérêt de Twitter, ce qui en ce moment est assez osé tant cette plateforme fait l’objet d’une campagne positive. Elle ajoute qu’elle ne s’intéressera vraisemblablement à Linkedin que lorsque viendra le temps pour elle de chercher un emploi. En fait elle se place dans la peau d’un citoyen lambda, ce qui je n’avais encore jamais vu de la part d’un spécialiste des communications marketing.
Mais surtout, elle remet en cause l’idée de transparence qu’apporteraient les médias sociaux en déclarant :
Je sais que tous ce que la ville compte de champions du « gouvernment 2.0 » vont me dire qu’ils ne veulent que ça la transparence. Mais je pense que pour l’instant, on s’illusionne, et que ce n’est pas cela qui émerge.
C’est osé vu le contexte et l’on ne peut que saluer de tels propos, même si je le dis depuis deux ans maintenant. En fait, les médias sociaux nous rendent totalement transparents… au plus grand bénéfice des compagnies et des gouvernements, tandis que ces mêmes compagnies et gouvernements continuent de ne dévoiler que ce qu’ils veulent bien que l’on sache.
Y-a-t-il une vie sans les médias sociaux?
Étonnamment, il semblait jusqu’au début mai 2012 qu’il était impossible de vivre sans les médias sociaux. Cela allait même plus loin : toute personne, toute organisation qui déclaraient se passer des médias sociaux, ou simplement ne pas avoir de « stratégie 2.0 » étaient d’avance déclarés morts et enterrés. Comment une entreprise sans page Facebook allait-elle bien pouvoir survivre, telle était la question. Et la réponse était simple : elle mourrait, fatalement.
Avec le succès de Kony 2012, et l’affaire des Jus Oasis, on aurait pu croire que les « experts 2.0 » en seraient ressortis renforcés. Force est de constater que cela ne semble pas être le cas. En tout cas, on commence à entendre quelques voix, comme on l’a vu, qui viennent relativiser ce discours (en voici une autre qui rappelle que les médias sociaux ne sont pas une fin en soi et qu’il faut bien y penser avant de s’y lancer). Ce n’était peut-être pas le cas, mais je me sens moins seul désormais!
La presse et le marketing classique ne sont pas finis!
Car réfléchissons-y quelques instants : qu’arrivera-t-il si une compagnie n’a pas de page Facebook? Si elle n’a pas de compte Twitter? Ses ventes s’effondreront-elles du jour au lendemain? Perdra-t-elle des parts de marché si elle continue « simplement » de faire du marketing classique?
En outre, les médias traditionnels étant ultra-réactifs à ce qui se dit sur les réseaux (comme je l’ai démontré dans le cas des Jus Oasis), on pourrait tout à fait avancer que pour détecter une crise, une veille de presse serait davantage pertinente que de se lancer dans un coûteux monitoring de Facebook, Twitter, Youtube, et les autres. Je suis certain que 90% des gens qui ont entendu parler des Jus Oasis l’ont su par le biais de la presse (il serait d’ailleurs très intéressant d’avoir accès aux résultats d’études qui ont analysé l’évènement, car il y en a eu surement plusieurs. Rien qu’au Québec il existe plusieurs centres ou observatoires des médias sociaux et ils peuvent difficilement passer à coté).
Évidemment, une telle analyse va tellement à l’encontre du paradigme actuel qu’il est très peu probable qu’elle ait la moindre chance de succès! Et pourtant…