Selon Jean-François Dumas, il y aurait trop de sport dans les médias. Selon le président d’Influence communication, nous serions bombardés de nouvelles sportives. Celles-ci occuperaient plus de 16% du contenu des journaux ou du temps d’antenne (cf. par exemple son rapport sur la nouvelle au Québec en 2008). Il arrive à ce résultat grâce à la mesure du « bruit médiatique » qui en gros consiste à compter le nombre de nouvelles à traiter d’un sujet puis à la ramener en pourcentage sur le total des nouvelles diffusées. Et l’on arriverait donc pour le sport à 16%, ce qui écrase absolument tout le reste. Rappellons que selon Jean-François Dumas, faire plus de 1% est déjà exceptionnel.
Loin de moi l’idée ici de faire le procès du « bruit médiatique ». J’aimerai cependant, grâce à cet exemple du sport, montré que celui-ci a des limites et que s’y fier aveuglement comme ont tendance à le faire les médias (notamment lors des élections) peut amener à quelques erreurs.
En effet, si l’on se fie aux résultats de cet indice, il ne serait donc quasiment question que de sports dans les médias. Pourtant, semble-t-il y en avoir autant? Allumez votre télé et mettez le téléjournal : y-a-t-il tant de sport que cela? En fait, il n’y en a quasiment jamais. Achetez le journal : sauf lorsque le Canadien remporte une belle victoire (ou commence à perdre un peu trop), il n’y a quasiment jamais de sport à la Une (on trouvera cependant régulièrement les scores des matchs en première page, mais il s’agit généralement d’un tout petit encart qui occupe moins de 10% du contenu). Lisez les pages suivantes. Il n’est pas question de sport. Certes le Journal de Montréal a une importante section réservée au sport à la fin… mais elle est à la fin. Et La Presse a un cahier consacré au sport. Mais c’est un cahier. Il n’est pas question de sport dans les pages « importantes ». D’ailleurs, ce cahier représente-t-il 16% du contenu publié? Pas sur…
On ne comprend donc pas très bien d’où vient ce 16%. Sans doute est-il justifié. Mais pour cela il faudrait que M. Dumas nous en dise plus sur sa méthodologie. Par exemple, considère-t-il qu’une première page vaut autant qu’une page dans le cahier sport? Ou non, et alors dans quelle proportion? Et pourquoi cette proportion? Comme il ne le fait pas, le doute subsiste. C’est dommage car les résultats sont intéressants. On constate notamment que les médias québécois traitent très peu d’actualité internationale, ce qui est inadmissible.
Bref, l’indice développé par Influence communication est prometteur mais il serait bon d’en savoir davantage à son sujet.