Le droit de grève menacéDans l’indifférence générale, le gouvernement fédéral vient de forcer le retour au travail des employés de Air Canada et de Poste Canada. Et que disent les médias : rien. La manœuvre est légale mais on ne peut s’empêcher de se montrer très inquiet. Si le gouvernement lui-même ne respecte pas le droit de grève de ses employés, qui le fera?

 

 

La défaite des journalistes du Journal de Montréal face à leur employeur a peut-être eu des répercussions que l’on n’imagine pas encore : les médias risquent de ne plus défendre des employés face à leurs patrons. Si cela peut se comprendre dans certains cas (qui peut plaindre les employés des postes par exemple?), il n’en reste pas moins qu’en une semaine le gouvernement a déposé deux lois forçant le retour au travail de ses employés.

Dans les deux cas, la méthode est osée : Air Canada a des concurrents, la grève de ses employés ne constitue donc pas une menace pour l’économie, contrairement à ce que prétendent les Conservateurs. Quant à Poste Canada, recevoir le courrier un peu plus tard n’est pas si grave. Et il existe des messageries privées qui peuvent dépanner si besoin est.

Mais les médias semblent ne rien trouver à dire et acceptent que le gouvernement s’assoie sur le droit de grève. Que l’on soit solidaire ou non des grévistes, le constat est le même : C’est un recul grave pour la démocratie auquel nous assistons…


Christian Leray

Christian Leray est le président de Prisme Média, une société spécialisée en analyse de presse. Il profite d'une expérience d'une dizaine d'années dans le domaine de l'analyse du contenu des médias. Il a notamment dirigé le Laboratoire d'analyse de presse Caisse Chartier de l'UQAM et a publié en 2008 un ouvrage aux Presses de l'université du Québec: L'analyse de contenu, de la théorie à la pratique.