Depuis que j’ai créé ce blogue je m’intéresse à l’impact réel des blogues et des médias sociaux sur l’opinion publique. Comme je l’ai déjà expliqué, je pense que leur influence est largement surestimée. Dans mon dernier billet je me demandais à ce propos si toute cette effervescence autour de ces « nouveaux moyens de communication » n’était pas due au fait qu’il s’agissait là d’un bon moyen pour les agences de générer de nouveaux revenus.

Je ne pensais pas si bien dire! Je vous conseille de vous rendre à la diapositive numéro 16 de cette présentation. Vous verrez que selon les « spécialistes » actuels du « web 2.0 », faire une page facebook peut couter jusqu’à… 11000$! Je n’ai pas résisté à la tentation de faire une capture d’écran:

Page Facebook

Le cout d'une page Facebook: de 2000$ à 11000$!

On comprend mieux que les experts ne jurent que par les nouveaux médias et que les agences spécialisées en « stratégie web 2.0 » poussent comme des champignons! Et encore, cela n’est rien si l’on compare cette diapositive à l’une des suivantes dans laquelle l’expert estime à plus de 500000$ le montant nécessaire pour réaliser une « vidéo virale ». Ce chiffre peut paraitre élevé, surtout que l’on ne peut absolument pas s’assurer du succès du projet (tandis qu’une avec publicité qui passe à la télévision, même mauvaise, on est assuré qu’elle est vue par des millions de télespectateurs, ce qui n’est absolument pas le cas avec une vidéo virale), mais quand on connaît les coûts de production, cela peut sembler acceptable. Encore que la grande majorité des succès de vidéos virales sont… amateurs! Et ne coutent donc quasiment rien!

Pour ma part, je dirige à mes heures perdues une ligue de soccer (www.lasm.ca si cela vous intéresse! :-)). J’ai créé une page Facebook. Cela m’a pris 10 minutes et couté… 0$! Idem pour Prisme Média, la compagnie qui héberge ce blogue. Bref, tant qu’il y aura autant d’argent à faire avec le « web 2.0 », on ne risque pas d’entendre beaucoup de propos critiques à ce sujet et cette fascination quasi surréaliste risque de durer encore un petit moment. Cela me fait penser, mais dans une moindre mesure tout de même, à cette folie qui avait entouré, au tournant du millénaire, la création des « start up ». Ces sociétés dites « technologiques » (elles ne faisaient pour la plupart que créer un site Internet) ne réalisaient quasiment aucun chiffre d’affaire et faisaient des pertes abyssales mais pendant plusieurs années tout le monde a cru à cette « nouvelles économie ».

On assiste à un phénomène un peu similaire aujourd’hui avec cette attraction pour le « web 2.0 ». Heureusement, on ne parle pas des mêmes montants. Ce sont des milliards que la « nouvelle économie » a englouti. A ce niveau, rien de comparable. Mais c’est toute l’euphorie suscitée par le modèle qui est étrangement semblable. En quelque sorte, l’histoire se répète. Vous me direz qu’il n’y a que du banal là-dedans et vous aurez raison. Laissons alors le temps à nos « experts » (j’adore les titres qu’ils se donnent comme par exemple « Stratège web 2.0 » ou « Conseiller en stratégie médias sociaux ») de digérer cette nouvelle « étape technologique ».

Pour ce qui est de s’adapter à cette nouvelle évolution (et non révolution), voici en quelques mots ce que j’ai pu glaner à droite à gauche :

– soyez sur Facebook en créant une page pour votre entreprise. Si vous vous débrouillez pas trop mal, vous aurez plusieurs fans et cela pourra accroître votre notoriété.
– soyez présent sur Twitter en vous créant un compte et en envoyant des twitts. La difficulté consiste à trouver des gens qui vous suivront et qui diffuseront vos twitts. Une fois cette étape franchie, votre notoriété pourrait devenir planétaire. Attention à l’excès de succès!
– évidemment créez un blogue et chaque fois que vous postez un nouveau billet, dîtes le sur Twitter. Également, je vous conseille de lier votre page Facebook à votre blogue. Ainsi, vos billets se retrouveront automatiquement sur la page facebook, ce qui fera de la nouveauté et pourrait augmenter la fréquentation de la dite page.
– si vous avez encore un peu de temps ou d’énergie à y consacrer (il faut voir que pour réussir à aller loin dans les 3 premières étapes il faut y passer un temps fou, car vous ne réussirez qu’en postant des commentaires pertinents sur les sites de nombreux blogueurs, en twittant énormément pour trouver des « followers » sur Twitter… et en postant des articles bien écrits, sans trop de fautes et qui font un minimum de sens sur votre blogue. Un peu comme ce site, finalement! :-)), vous pouvez tenter de vous lancer dans le fameux « marketing viral ». Comme par exemple, créer une vidéo (bien sur) originale, qui vous l’espérez, sera visionnée par des dizaines, voire pourquoi pas des centaines de milliers de gens sur Youtube. Là encore, il faudra beaucoup twitter et s’agiter sur Facebook pour que ce projet devienne un succès. Ah j’oubliais : encore faut-il que la vidéo en question soit moindrement originale et de qualité pour plaire aux gens que vous contacterez et qui auront mission (à l’insu de leur plein gré!) de la diffuser.

Comme on le voit, tout cela est finalement simple. Il faut simplement avoir du temps, beaucoup de temps, des contacts, beaucoup de contacts, et surtout… avoir des choses originales et intéressantes à dire et à montrer. Sinon tout cela ne servira à rien.

Et voici donc que je pourrai m’affubler du prestigieux titre de « Stratège web 2.0 »! Et comme le dit Michelle Blanc, « la Papesse de la communauté Web du Québec« , et dire que « je n’ai même pas facturé »!


Christian Leray

Christian Leray est le président de Prisme Média, une société spécialisée en analyse de presse. Il profite d'une expérience d'une dizaine d'années dans le domaine de l'analyse du contenu des médias. Il a notamment dirigé le Laboratoire d'analyse de presse Caisse Chartier de l'UQAM et a publié en 2008 un ouvrage aux Presses de l'université du Québec: L'analyse de contenu, de la théorie à la pratique.

1 commentaire

Michelle Blanc · 3 mai 2010 à 7 h 33 min

Pour votre info, je ne me suis affublé d’aucun titre et je ne fais pas de production. Je ne fais donc pas de page Facebook, de blogues ou de site Web. Par contre, les clients qui travaillent avec moi, lorsqu’ils ont un blogue, ne font pas parti des 150 millions de blogues qui garnissent le Web invisible. Faire un blogue est un jeu d’enfant. Ressortir du lot est un peu plus difficile…

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