Très intéressante lecture que cet article de Nathalie Collard dans La Presse intitulé : Surprise! Les journaux survivent… Surtout après avoir lu quelques-uns des billets postés sur ce blogue au cours des derniers mois. Bien que datant un peu (l’article a été publié le 19 juin 2010), on apprend que malgré tous les discours nous annonçant la fin des médias à cause de l’arrivée des blogues, finalement les journaux font mieux que résister.
Il y a encore peu, les médias devaient disparaître, leur modèle économique était à revoir. Aujourd’hui, tout ne va pas si mal semble-t-il. Même si madame Collard rappelle bien que le fameux « modèle économique » reste à trouver. Pourtant, comme je ne cesse de le dire, le « modèle économique » est tout trouvé, du moins au Québec, puisque l’on ne constate pas d’effondrement du nombre de lecteurs de journaux. En fait, il s’agira avant tout de s’adapter. Comme la presse s’est adaptée à l’arrivée de la radio (qui devait la tuer), de la télévision (qui devait la tuer), puis d’Internet (qui existe depuis 1994 et qui devait aussi la tuer, décidément!).
Alors certes, le défi est majeur, mais il peut être relevé (et il l’est effectivement). Sans quasiment remettre en cause aucun fondamental, ce qui est le plus extraordinaire quand on entend tout cela. En effet, une réaction possible aurait été d’améliorer le contenu. En laissant la vitesse au réseau, les journaux auraient pu se concentrer sur la qualité de leurs articles et renouer avec le journalisme d’enquête. Ce qui aurait amélioré leur image auprès du public, celle-ci étant actuellement au plus bas, les citoyens faisant de moins en moins confiance aux journaux (peut-être le fait que ceux-ci appartiennent à des hommes d’affaire parfois proche du pouvoir n’y est pas totalement étranger).
Malheureusement, le nouveau « modèle d’affaire » consiste avant tout à s’aligner sur les sites Internet. Donc à diffuser de plus en plus de nouvelles d’agences de presse en saupoudrant le tout de chroniques. Les fameux « chroniqueurs » sont finalement des blogueurs qui voient leurs billets imprimés au lieu d’être postés sur Internet. Ils n’apportent pas de contenu, juste un point de vue. Du coup, alors qu’une chance se faisait jour de voir les journaux apporter de la valeur ajoutée aux nouvelles, comme ils l’ont fait lorsque sont apparus la radio et la télévision, ils tentent au contraire de s’aligner en allant toujours plus vite. Résultat : une information toujours plus vide de sens et un penchant pour le spectaculaire et les faits-divers. A cour terme, cela fonctionne plus ou moins. A long terme, c’est à voir.
Mais il faut dire que les journaux jouent sur deux tableaux à la fois : ils se rendent compte que les nouvelles gratuites sur leurs sites sont très rentables grâce à la publicité. Problème : cela a tendance à réduire le nombre de lecteurs de la version papier. A leur grande surprise dirait-on. Mais il ne faut pas se leurrer : si les médias voulaient à tout prix augmenter leur tirage, ils ne rendraient pas disponibles gratuitement la quasi-totalité de leur version imprimée. La conclusion est évidente : le nouveau « modèle d’affaire » consiste à faire un choix en rendant payant l’accès aux nouvelles sur Internet ou en transformant la publication uniquement en version Internet. Mais pas à continuer de jouer sur les deux tableaux. En fait, il est extraordinaire de constater que bien que mettant en ligne gratuitement la quasi totalité de leur contenu, les journaux voient leurs ventes à peu près se maintenir. Une performance exceptionnelle quand on y pense et qui devrait inciter la presse à cesser de crier sans cesse au loup alors que l’on constate que bien qu’il tienne la porte grande ouverte, le petit chaperon rouge est plutôt bien portant.